Paradigmes

Revue académique du laboratoire de recherche scientifique : Le Français des Écrits Universitaires [LeFEU]

Description

La revue quadrimestrielle Paradigmes est la publication scientifique du laboratoire de recherche LeFEU- E1572300 (Le Français des Écrits Universitaires) de l’Université Kasdi Merbah Ouargla (Algérie). Publiée en français, la revue est destinée aux enseignants-chercheurs et doctorants ainsi qu’à tous les universitaires du domaine souhaitant publier leurs travaux (https://journals.univ-ouargla.dz/index.php/Paradigmes). Paradigmes se veut un lieu ouvert de rencontres et de confrontations entre différents points de vue. La revue privilégie la réflexion interdisciplinaire inscrite dans le champ triptyque des sciences du langage, des sciences des textes littéraires, de la didactique des langues-cultures et de manière générale tout ce qui relève du grand domaine des Arts, Lettres et Sciences Humaines et Sociales. Paradigmes est ouverte à toute proposition de texte qui s’inscrit dans une démarche universitaire rigoureuse. Des présentations de mémoires et de thèses ainsi que des critiques d’ouvrages peuvent être publiées. Les articles doivent être rédigés en français ; ils sont inédits en ce sens qu’ils ne doivent être soumis à aucune autre revue. Les articles publiés par Paradigmes sont des textes originaux. Tous les articles font l’objet d’une double révision anonyme. Les textes doivent être envoyés au format Word pour soumission via la plateforme ASJP suivant le lien : https://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/646

Annonce

Appel à contribution pour la revue Paradigmes vol. VIII, n° 2 – mai 2025

Argumentaire

Littératurophobie, littératurophilie ou littératurolâtrie ?
Le procès de l’écriture, de la conscience et de la solitude dans les littératures africaines

— Éditeurs —
dre Louiza HACHANI (Université de Ouargla, Algérie)
Laboratoire Le Français des Écrits Universitaires – LeFEU 
Dr Sami CHAÏB (ENS de Ouargla, Algérie)
Pr. Foudil DAHOU (Université de Ouargla, Algérie)

Laboratoire Le Français des Écrits Universitaires – LeFEU

Date limite : 15 avril 2025

« [...] L’usage de l’aliénation culturelle comme arme de domination est vieux comme le monde ; chaque fois qu’un peuple a conquis un autre, il l’a utilisée. [...] On saisit le danger qu’il y a à s’instruire de notre passé, de notre société, de notre pensée, sans esprit critique, à travers les ouvrages occidentaux » (Cheikh Anta Diop).

Perdus au milieu du silence assourdissant de la diversité des doctrines et de la multitude des tendances idéologiques contemporaines qui traversent en permanence les sociétés – traditionnellement – de l’oral, les lecteurs africains des jeunes générations, conquis par l’écriture, subissent les effets de rênes des contradictions auctoriales qui dénigrent la véritable Parole africaine ancestrale – combien présente mais paradoxalement méconnue – Cheikh Anta Diop le regrettait déjà : « La facilité avec laquelle nous renonçons, souvent, à notre culture ne s’explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause ». Des voix lucides s’élèvent, expressions joyeuses d’une singularité africaine que tente d’étouffer une dérégulation culturelle soutenue par une double tyrannie de l’imagination et de la sensibilité ambiantes – dont encore une fois, Cheikh Anta Diop avait une pleine conscience : « Le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance, est devenu partie intégrante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements ». Si les ambitions auctoriales sont légitimes, les ambitions lectoriales le sont tout autant à une époque de ruptures où la révolution des idées, trop souvent intransigeante, emporte les mentalités « primitives » séduites par les chimères et conditionnées par les idéaux – pour Cheikh Anta Diop le remède est entre nos mains : « Il devient donc indispensable que les africains se penchent sur leur propre histoire et leur civilisation et étudient celles-ci pour mieux se connaitre : arriver ainsi par la véritable connaissance de leur passé, à rendre périmées, grotesques et désormais inoffensives ces armes culturelles ».

Refusant de se laisser distancer, les littératures africaines renouvellent leur vocation commune dont le caractère écologique fondamental est de s’inscrire dans la vaste étendue et la durée infinie. Soucieuses de s’imprégner des principes de la sociologie de l’action et de la sociologie de l’évolution – « […] l’une portant sur les effets voulus par les auteurs des messages, l’autre réfléchissant sur les effets à long terme, généralement imprévus » (Dumesnil, 1962, p. 108), les littératures africaines se dévisagent et se contemplent dans les miroirs de leurs sociétés respectives subjuguées par les voix de l’émancipation. Elles savent depuis les temps immémoriaux qu’« […] une société est […] un être vivant, mais qui se distingue des autres en ce qu’il est avant tout constitué par une conscience. Une société est une conscience vivante, ou un organisme d’idées » (Espinas, 1877, p. 361).

Les peuples africains, riche de leurs diversités constitutives et de leurs mentalités essentielles, ont besoin, dans un esprit de solidarité, de réhabiliter et de revenir humblement, selon le mot succulent de Birago Diop, à la sagesse des « Gardien[s] de mémoire et berger[s] de souvenirs » (1963) que la Littérature a toujours su rassembler, à la suite de la Parole fondamentale, autour du « feu sacré » pour avoir compris depuis la Nuit des temps que « […] derrière toutes les différences et les nuances individuelles il subsiste une sorte de résidu psychologique stable, fait de jugements, de concepts et de croyances auxquels adhèrent au fond tous les individus d’une même société. Cet ensemble constitue la structure mentale spécifique de chaque civilisation » (Bouthoul, 1970, p. 30).  

Il faut, dans une juste mesure, reconnaître que Descartes avait somme toute probablement raison : « […] la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses » (1860, p. 2-3). Il est vrai que les passions des Anciens ont éternellement été modérées, faisant preuve de cet équilibre nécessaire à toute écologie culturelle – en dépit du point de vue et de l’opinion d’un Chateaubriand quelque peu conciliant : « On ne peut guère supposer que des hommes aussi sensibles que les anciens eussent manqués d’yeux pour voir la nature et de talent pour la peindre, si quelque cause puissante ne les avait aveuglés. Or cette cause était la mythologie, qui, peuplant l’univers d’élégants fantômes, ôtait à la création sa gravité, sa grandeur et sa solitude » (1802, p. 221). 

Aujourd’hui, les esprits chagrins, de tous bords, font le procès d’une écriture, d’une conscience et d’une solitude que les littératures africaines revendiquent dans leur singularité – pourtant, « il n’est pas défendu au poète et au philosophe d’essayer sur les faits sociaux ce que le naturaliste essaye sur les faits zoologiques, la reconstruction du monstre d’après l’empreinte de l’ongle ou l’alvéole de la dent » (Hugo, 1859, p. 15-16) ; les littératures africaines possèdent aussi leurs « monstres sacrés ». On aurait assurément tort de l’oublier. Surtout pas d’oubli ; car « tandis que la lointaine civilisation chinoise retarde l’heure de sa mort en se tournant vers son propre passé, tandis que l’Inde répand, pour soulager sa fièvre, une religion sur l’Asie, l’ombre noie peu à peu les rivages où s’est écoulée l’éclatante et virile jeunesse du monde occidental » (Faure, 1921, p. I). Et l’Afrique ? … tout le reste ne serait-il réellement et finalement que… littérature ?

Axes de réflexion et de perspective (liste indicative)

  • Les manifestations de la Parole africaine ancestrale dans les littératures africaines contemporaines.  
  • La prise de conscience et la solitude des femmes de lettres dans les littératures africaines contemporaines.
  • Le regard de l’Occident sur l’Afrique dans les littératures africaines contemporaines.
  • Le regard de l’Africain sur l’Afrique dans les littératures africaines contemporaines.
  • La symbolique du génie africain.
  • L’écriture autobiographique africaine : entre conscience et solitude

    Objectifs

  • « Faire la lumière sur le rôle civilisateur des Africains dans l’histoire » (Ch. A. Diop) et la littérature.
  • Redécouvrir la culture africaine primordiale à travers les grandes œuvres de la littérature.
  • « Révéler » ce que l’africanité primordiale a toujours attendu de la négritude et de la maghrébinité.

        Bibliographie indicative

  • BOUAMAMA, Saïd (2016). Figures de la révolution africaine de Kenyatta à Sankara. La Découverte.
  • BOURGEOIS, Léon (1896). Solidarité. Paris : Armand Colin et Cie, Éditeurs.
  • BOUTHOUL, Gaston (1970). Les mentalités. Paris : PUF (5e édition).
  • CHARLE, Christophe (1990). Naissance des « intellectuels » (1880-1900). Paris : Éditions de Minuit, Collection « Le sens commun ».
  • CHARLE, Christophe (2015). La dérégulation culturelle : essai d’histoire des cultures en Europe au XIXe siècle. Paris : PUF.
  • CHATEAUBRIAND, François René de (1802). Génie du christianisme, ou Beautés de la religion chrétienne. Tome second. Paris : Chez Migneret, Imprimeur.
  • CHATEAUBRIAND, François René de (1850). Mémoires d’outre-tombe. Tome neuvième. Paris : Eugène et Victor Penaud Frères, Éditeurs.
  • DESCARTES, René (1860). Discours de la méthode : pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. Paris : Librairie de L. Hachette et Cie.
  • DIOP, Birago (1963). Contes et Lavanes. Paris : Présence Africaine.
  • DIOP, Cheikh Anta (1954). Nations nègres et culture. Paris : Éditions Africaines.
  • DIOP, Cheikh Anta (1960). L’Afrique noire pré́-coloniale : étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique noire, de l’antiquité́ à la formation des états modernes. Paris : Présence africaine.
  • DUMESNIL, Claude (1962). Jean Cazeneuve, Sociologie de la radio-télévision. Paris : PUF, Collection « Que sais-je ? ». Les Cahiers de la publicité, n° 4, p. 108.
  • DURKHEIM, Émile (1911). « Jugements de valeur et jugements de réalité ». Revue de Métaphysique et de Morale, n° 4, 19e Année, p. 437-453. Société française de philosophie.
  • ELA, Jean-Marc (1989). Cheik Anta Diop ou l’honneur de penser. Paris : L’Harmattan, Collection « Classiques ».
  • ESPINAS, Alfred (1877). Des sociétés animales : Étude de psychologie comparée. Paris : Librairie Germer Baillière et Cie.
  • FAURE, Élie (1921). Histoire de l’art – L’art médiéval. Paris : Les Éditions G. Crès et Cie.
  • HENRIOT, Émile (1953). Courrier littéraire XIXe siècle :  Les Romantiques. Paris : Éditions Albin Michel.
  • HUGO, Victor (1910). Le dernier jour d’un condamné. Œuvres complètes de Victor Hugo. Roman. 1. Paris : La Librairie Ollendorff.
  • HUGO, Victor (1859). La légende des siècles. Tome 1. Paris : Michel Lévy Frères – Hetzel et Cie.
  • LE GOFFIC, Charles (1919). La littérature française au XIXe siècle : tableau général. Tome I. Paris : Bibliothèque Larousse.
  • LE GOFFIC, Charles (1919). La littérature française aux XIXe et XXe siècles : tableau général accompagné de pages types. Tome II. Paris : Bibliothèque Larousse.
  • LÉVY-BRUHL, Lucien (1925). La mentalité primitive. Paris : Librairie Félix Alcan (4e édition). Consulté le 31.01.2025.
  • MANDELA, Nelson (1994). Un long chemin vers la liberté. Fayard.
  • MOSCOVICI, Serge (2000). « La mentalité prélogique des primitifs et la mentalité prélogique des civilisés », p. 208-231. Dans MOSCOVICI, Serge (dir.) (2000). Psychologie sociale des relations à autrui. Paris : Nathan Université/HER, Collection : Psychologie Fac.
  • OMOTUNDE, Jean-Philippe (2000). L’origine négro-africaine du savoir grec. Volume 1. Éditions Menaibuc, Collection « Connaissance du monde nègre ».
  • TOURAINE, Alain (1965). Sociologie de l’action. Paris : Les Éditions du Seuil.
  • TOURAINE, Alain (1978, octobre). Théorie et pratique d’une sociologie de l’action. Sociologie et sociétés, vol. 10, n° 2, p. 149-188. https://doi.org/10.7202/001798ar
  • VALLEREY, Gisèle (1955). Contes et Légendes de l’Afrique Noire. Paris : Fernand Nathan Éditeur.

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Cet appel à contribution s’adresse à tous les universitaires, quel que soit leur grade, ainsi qu’aux doctorants et post-doctorants qui souhaitent émettre leurs opinions et rendre compte de leurs expériences personnelles.

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Pour tous renseignements complémentaires s’adresser à : revueparadigmes@gmail.com

Dates importantes

  • Lancement de l’appel à contribution : 1er février 2025
  • Dernier délai pour la réception des articles : 15 avril 2025
  • Réponse aux auteurs : à partir du 20 avril 2025
  • Publication et mise en ligne : mai – juin 2025

01-02-2025


8

Volumes

22

Numéros

333

Articles


Etude lexico-pragmatique des blocs propositionnels via la Théorie des Possibles Argumentatifs

سكراف سحر, 
2024-03-04

Résumé: Etudier les relations logiques entre les blocs propositionnels (propositions principale et subordonnée) exige en quelques sortes de décrire leurs structures internes dans le cadre de montrer la complétude et la complémentarité logico-sémantique entre ces blocs. En ce sens, nous nous sommes fondés, dans notre analyse, sur la Théorie des Possibles Argumentatifs (TPA) de Galatanu 1999. Il s’agit d’un phénomène de description lexicale qui permet l’analyse et le décodage sémantiques des mots. Elle fournit à la signification des phrases l’existence d’un noyau comportant des informations stables sur lesquelles peuvent s’enchaîner des stéréotypes renvoyant aux enchaînements argumentatifs internes et des possibles argumentatifs se référant à des blocs d’argumentations externes. Le noyau, les stéréotypes et les possibles argumentatifs sont trois strates interdépendantes l’une à l’autre dans la construction du sens. Ces trois strates ont permis également une analyse lexico-pragmatique bien déterminé des blocs propositionnels. Sans oublier notamment le rôle essentiel de cinétisme et de stéréophagie qui consiste à créer de nouveaux stéréotypes inédits, contextuels et dépendant des contextes gauche et droit ainsi que du contexte discursif. Pour cette raison, nous avons essayé de mettre en exergue la transformation de la signification lexicale et sa re-construction à travers les mécanismes sémantico-discursifs.

Mots clés: Enchaînements argumentatifs ; complétude logico-sémantique ; noyau ; stéréotypes ; possibles argumentatifs


Victimisation et victimes à travers l’histoire. Quand la victime se transforme en bourreau.

حسن وفاء, 
2024-07-30

Résumé: De nombreuses personnes illustres connaissent, à travers l’histoire, des fins tragiques. La plupart, des intellectuels, sont victimes de leurs idées anticonformistes qui déplaisent aux autorités en place. Les politiques et les religieux les persécutent et s’ingénient à les martyriser jusqu’à une mort atroce. Mais les forces du mal s’acharnent également sur des peuples, les expatrient, les déplacent, les exterminent… Parmi les bourreaux, certains sont des vieilles victimes qui font fi de leurs souffrances passées et se métamorphosent en assassins !

Mots clés: Fanatisme ; Bourreau ; Victime ; Colonisation ; Lutte armée


La Valeur Musicale de la Paronomase dans le Diwan "La Flamme Sacrée" de Moufdi Zakariya

رحماني ليلى, 
2025-02-13

Résumé: La musique occupe une position prépondérante dans la poésie, la distinguant clairement de la prose grâce à son exploitation de la métrique et de la rime. En outre, une musicalité intrinsèque tisse un lien entre les mots et les images avec le paysage émotionnel du poète et le rythme de son élocution. Cet élément, profondément ancré dans le vers, se déploie à travers diverses dimensions, linguistiques, sémantiques, structurelles et illustratives, et joue un rôle essentiel dans l’enrichissement et la mise en place de subtilités rythmiques. Reconnaissant l'importance capitale de cette musicalité, les poètes l’intègrent avec soin dans leurs œuvres, employant des techniques variées comme la paronomase, notable pour sa symé-trie phonétique marquée et sa richesse sémantique. Cette technique crée un rythme qui en-chante non seulement l'ouïe mais apaise aussi profondément l'esprit. Cette étude se propose d’explorer et de valider ce phénomène à travers les œuvres poétiques de Moufdi Zakariya, tirées de son diwan "La Flamme Sacrée".

Mots clés: Musique; Interne; Paronomase; La Flamme Sacrée; Moufdi Zakariya.