Didacstyle se veut diffuseur de recherches interdisciplinaires menées au sein et en dehors du département de français de la faculté des Lettres et des Langues de l'université Ali Lounici ( Blida2). Ces recherches s'inscrivent dans divers domaines: didactique, sociolinguistique, sociodidactique, littérature...
Appel à contributions
Langue, écriture et identité : comment le texte francophone rend compte d’un rapport défini/indéfini.
« Jamais je n’ai cessé, même aux jours de succès près de l’institutrice, de ressentir au fond de moi cette seconde rupture du lien ombilical, cet exil intérieur qui ne rapprochait plus l’écolier de sa mère que pour les arracher, chaque fois un peu plus, au murmure du sang, aux frémissements réprobateurs d’une langue bannie, secrètement, d’un même accord, aussitôt brisé que conclu… Ainsi avais-je perdu tout à la fois ma mère et son langage, les seuls trésors inaliénables – et pourtant aliénés ! » (Kateb Yacine, 1966)
« Un grand écrivain est toujours un étranger dans la langue où il s’exprime, même si c’est sa langue natale » (Deleuze, 1993)
Dans le domaine littéraire, s’exprimer dans une langue donnée peut sembler spontané, voire même naturel. Cependant, quand on pose la question aux écrivains, la réponse est souvent réfléchie, elle requiert une analyse profonde, issue des tréfonds historiques d’un pays, du rapport à soi et à l’autre allant jusqu’à, parfois, interroger les théories psychanalytiques.
Ainsi, nous avons constaté une certaine hétérogénéité linguistico-identitaire caractérisant de nombreux textes, surtout ceux dits francophones. Qu’ils soient le produit d’une Histoire liée à la colonisation ou à une histoire personnelle en référence à des migrations, l’usage de la langue chez un autre demeure un choix délibéré, pensé et déterminant pour le lecteur. Ce qui génère un réel débat sur l’expression littéraire des identités culturelles dans le monde.
A travers cette perspective, nous ne pouvons être que sensible à ce problème de double identité lié au choix de la langue d’écriture dans un texte littéraire, ce que l’on appelle parfois le double-jeu, le double-je, l’entre-deux. En effet, nous sommes toujours pris entre deux identités quand on se retrouve aux frontières de plusieurs pays, à la lisière de plusieurs langues. Ces identités diverses ne devraient pas être, comme dit Amin Maalouf des « identités meurtrières »[1], mais plutôt des identités fécondes.
Le postulat que nous prenons est celui d’une identité constructive sous-jacente à une langue scripturale, celle qui forge un homme, un destin, une œuvre. A partir de la langue d’écriture, un auteur aux identités variées peut édifier un univers esthétique fait de réflexions ou d’imaginaires intimes pour poser, au mieux, cette problématique.
Par ailleurs, le choix de la langue peut aussi donner à lire des textes aux identités hétérogènes. L’intertextualité, le mélange des genres, les mixages et les collages sont propices à un travail essentiel sur la langue d’écriture. L’art en général, et la littérature en particulier, thématisent fréquemment la question du genre, des langues et de l’Autre ou transforment le texte littéraire en un discours autre, c’est-à-dire en un genre novateur non contraint par des règles canoniques, des règles préétablies parfois constituant un frein à la création artistique.
Cet usage de la langue et ses différentes digressions se présente à nous comme un défi pour une série d’étude qui, de par sa problématique, sera multidisciplinaire et portera sur les questions liées au recours au plurilinguisme littéraire. Nous retiendrons tout particulièrement la thématique de la francophonie liée aux migrations, de la diaspora et de l´exil.
Cet appel à contributions a donc pour ambition de formaliser et de théoriser un phénomène qui concerne à la fois la linguistique et la littérature de forme égale. Il existe un intérêt croissant pour l´écriture plurilingue à travers différents types de textes et de genres. Nous espérons recevoir des propositions d’articles qui combinent un intérêt pour les questions théoriques avec l´analyse de textes ou d´auteurs spécifiques.
L'objectif est de réunir des analyses de chercheurs travaillant sur les questions d'actualité dans le contexte des langues et de la culture. Plus précisément, ce numéro de Didacstyle prétend fournir un aperçu de l´état de l´art, d'explorer de nouvelles directions et les nouvelles tendances dans les cultures et les langues.
Dans le cadre général de ce numéro, des axes de travail sont suggérés, dans le sens de favoriser un croisement thématique, comparatiste, critique et problématique :
- Langues, je/jeux de l’altérité, croisements
- Formations et déformations linguistiques, génériques, poétiques
- L’écriture des migrations, exilique et diasporique
- Emprunts, néologismes, interférences…
- Langues maternelles, traductions et aut-traductions
- Les écritures postcoloniales
- Transmissions et héritages, langues et patrimoine
- Identité auctoriale, identité textuelle, identité culturelle
- Contacts linguistiques, plurilinguisme et interculturalité
LANGUES DES CONTRIBUTIONS :
Les langues de présentation des articles sont le français, l’anglais, l’italien et l’arabe.
CALENDRIER :
10 juin 2020 : Date limite pour l´envoi des contributions.
ENVOI DES CONTRIBUTIONS :
Toutes les contributions seront soumises à une double évaluation du Comité scientifique de la revue. Prière d’indiquer l’axe de travail retenu.
Les contributions seront soumises via la plateforme ASJP, sur le lien suivant :
https://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/385
Pour toute question ou demande d’information, s’adresser à : didacstyle.univ.blida2@gmail.com
[1] Maalouf, Amin, Identités meurtières , Paris : Grasset, 1998.
16-05-2020
1
Volumes
2
Numéros
21
Articles
Bambrik Lineda
,
Bensebia Abdelhak Abderrahmane
,
Azdia Leila
,
Hardi Safia
,
Khelil Lamya
,
Sail Siham
,
Kherbouche Hassiba
,
Mokrani Lyla
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Rekrak Leila
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Loucif Badreddine
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